Podomètres en soutien de l’activité physique des sujets BPCO : une idée qui peut marcher

Oui, un podomètre peut soutenir la motivation des marcheurs, y compris malades de BPCO. Mais une évaluation encourageante ne suffit pas pour considérer cet appareil comme « la » solution miracle pour faire bouger nos patients.

On sait combien l’activité physique fait partie intégrante de la prise en charge des sujets atteints de BPCO et l’évaluation des programmes de réhabilitation respiratoire en ont prouver l’intérêt. Parmi les activités à proposer aux patients, la marche est sans doute la plus simple et naturelle à recommander, mais force est de reconnaitre qu’il est difficile de lutter contre le sédentarisme. Pour tenter de mieux faire, peut-on s’aider d’un podomètre dans l’optique de renforcer la motivation des patients ? Pourquoi pas répondent des auteurs chiliens qui publient une étude encourageante à ce sujet. 

L’intérêt d’utiliser un podomètre a déjà fait ses preuves chez le sujet sain comme notamment documenté dès 2007 (1). Mais les données sont plus rares pour les patients souffrant de BPCO d’où l’intérêt d’une récente évaluation d’un programme individualisé destiné à promouvoir une activité de marche quotidienne avec utilisation d’un podomètre (2). La méthodologie est bonne car l’étude est randomisée (programme avec podomètre versus programme sans) et l’évaluation a été faite en aveugle avec un nombre de patients suffisants (sur les 102 patients entrés dans l’étude, 97 on achevé le programme d’une durée de 3 mois).

Les patients équipés d’un podomètre ont marché plus que les autres

Indiquons ici d’emblée que les patients équipés d’un podomètre ont significativement plus marché que le groupe standard (la différence moyenne hebdomadaire du nombre de pas par jour du groupe podomètre 3080 +- 3254  pas/j s’est avérée supérieure 138.3 +- 1950 pas/j. que dans celui sans podomètre ; p <0,01). Voilà qui plaide pour une plus large utilisation des podomètres ? Revoyons les choses plus en détail avant d’en juger définitivement.

Dans cette étude conduite de décembre 2010 à Janvier 2012 à l’Hôpital universitaire de Santiago du Chili, ont été inclus des patients BPCO (majoritairement de stade GOLD I et II) de plus de 40 ans n’ayant pas eu d’exacerbation dans les 4 semaines précédent l’inclusion, qui avaient arrêté de fumer depuis au moins deux mois, Ils ont été suivis trois mois avec une visite par mois, donnant l’occasion de regarder leur carnet de suivi (diary) qu’ils devaient tenir quotidiennement ; notons que ce carnet était le même pour les deux groupes, à la seule différence près d’une colonne supplémentaire pour le nombre de pas en cas d’utilisation du podomètre. Pour ces patients, le podomètre apparait donc comme une idée qui marche, ce que d’autres études avaient déjà suggéré, notamment dans le cadre de patients inscrits dans des programmes de réhabilitation. Mais il existe aussi des études négatives si bien que l’on doit se garder d’un excès d’enthousiasme. Dans ce travail ce n’est pas la seule dotation d’un appareil qui change la donne, puisque des visites mensuelles d’encouragement accompagnaient le podomètre. Autre nuance : cette étude ne portait que sur trois mois. Non seulement c’est bien peu au regard d’une vie, mais un effet plateau se dessine dès le troisième mois. Que va t-il advenir après ? Les patients vont-ils maintenir leur acquis au long terme, ou bien les progrès vont-ils disparaître une fois l’effet de nouveauté passé ? Cette étude ne répond pas à cette question cruciale.

Bénéfices sur le long terme : c’est la donnée manquante

Donc, un podomètre pour faire marcher les patients BPCO ? A court terme peut être, mais le médecin attend un effet inscrit dans la durée. L’impact des podomètres est étudié depuis plus de dix ans en médecine s’avère modeste et incertain par l’absence d’effet au long terme. Pour le conseiller efficacement aux patients, devrons apprendre à l’intégrer dans les programmes de réhabilitation et lui trouver des compléments comme des systèmes de rappels par SMS ? Oui bien faut-il au contraire proposer un usage moins médicalisé, donc via des changements initiés par le patient lui-même et non pas le corps médical ? Sur ce dernier point, la tendance du quantified self connecté est sans doute une carte à jouer. De prochaines évaluations nous dirons si les nouveaux traceurs d’activité sauront faire la preuve de leur intérêt au long terme pour les sujets BPCO, et si oui, pour quels profils de patients. Ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué et ne soyons pas naïfs : la sédentarité est une tendance lourde de notre mode de vie urbain, y compris celui de nos enfants. Avec les transports ou les écrans que l’on regarde confortablement assis, le podomètre a de sérieux concurrents.


Références

1. Bravata M et al. Using Pedometers to Increase Physical Activity and Improve Health A Systematic Review. JAMA. 2007;298(19):2296-2304
2. Mendoza L et al.  Pedometers to enhance physical activity in COPD: a randomised controlled trial. Eur Respir J. 2014 Sep 26. pii: erj00845-2014

Rédaction Dr. Nicolas Postel-Vinay. Hôpital Européen Georges Pompidou – Paris
Novembre 2014. © Automesure.com