Repères pour une consommation d’alcool normale

À la vôtre ! Santé ! Dans l’imaginaire populaire, la consommation d’alcool est souvent valorisée. La grande majorité des consommateurs perçoit les côtés positifs de l’alcool (convivialité, goût agréable, etc.) et dans ce contexte, il est difficile de faire percevoir les usages à risque et nocif. C’est pourtant un préalable pour qu’une intervention d’aide et de soins soit possible. Alors, comment repérer les usages à risque ou nocifs ?

La limite de consommation se situe bien avant l’ivresse ou la dépendancec’est combien, quand et comment » ?

Contrairement à ce que la plupart des hommes interviewés dans l’étude qualitative semblent croire, la limite à laquelle il faut s’arrêter de boire n’est pas celle de l’ivresse ou de la dépendance. Cette limite n’est, en effet, pas nécessairement ni ressentie, ni exprimée par notre corps lorsque l’on boit. En dehors des changements d’état provoqués par l’ivresse et des manifestations extérieures de l’excès, le corps subit silencieusement les effets d’une consommation régulière à long terme.

Repères simples pour une consommation d’alcool faible

Le Plan National Nutrition Santé a établi des recommandations concernant la consommation d’alcool :
La consommation d’alcool est déconseillée.


Pour les hommes : moins de deux verres par jour
Pour les femmes : moins d’un verre par jour

Pour les consommations occasionnelles : pas plus de 4 verres d’alcool en une seule occasion

Dans certaines situations particulières, aucune boisson alcoolisée :
– pendant toute la durée de la grossesse et de l’allaitement
– pendant l’enfance
– quand on conduit un véhicule ou une machine
– quand on exerce des responsabilités qui nécessitent de la vigilance
– quand on prend certains médicaments (consulter la notice)
– dans certaines maladies chroniques ou aiguës (hépatite virale, pancréatite, épilepsie, …)

Les seuils de consommation diffèrent entre les hommes et les femmes car ceux-ci sont inégaux face à l’alcool. En effet, un homme et une femme du même âge et de même poids n’ont pas les mêmes taux d’éthanol dans leur sang à niveaux de consommation égale : l’alcoolémie sera plus importante chez la femme. Plusieurs explications sont avancées pour comprendre ce phénomène. Chez la femme, le tissu adipeux est plus important que chez l’homme et la masse musculaire dans laquelle diffuse l’alcool plus réduite. Il en résulte un volume de distribution plus petit et donc une concentration en éthanol dans le sang plus importante. Par ailleurs, des travaux récents ont mis en évidence, chez la femme, une enzyme responsable du métabolisme de l’alcool moins active que chez l’homme. L’alcool est donc éliminé plus lentement. Enfin, les modifications hormonales durant le cycle menstruel et la ménopause ainsi que la prise de contraceptifs oraux et de traitements hormonaux substitutifs peuvent modifier le métabolisme de l’éthanol.
Toutes ces caractéristiques rendent les femmes plus vulnérables que les hommes aux méfaits de l’alcool. Chez elles, les effets de l’éthanol vont se manifester plus rapidement et parfois plus sévèrement. C’est le cas pour la cirrhose, cette maladie du foie dont un plus grand nombre de femmes consommatrices excessives que d’hommes consommateurs excessifs, meurent. L’alcool pourrait également être impliqué dans le cancer du sein. Une faible augmentation du risque a été rapportée pour des consommations quotidiennes d’alcool relativement modérées.

Contrairement aux idées reçues, l’effet protecteur spécifique du vin n’est pas démontré

L’alcool ne devrait pas être proposé comme moyen de prévention des maladies cardiovasculaires ou comme un « alicament ».
Un lien statistique entre une faible consommation d’alcool – un verre d’alcool par jour pour les femmes et un à deux verres pour les hommes – et une protection contre les maladies cardiovasculaires a été décrit quelle que soit la boisson alcoolisée (Expertise collective Inserm – Alcool, effets sur la santé– coll. Inserm 2001). Ces liens statistiques ont été décrits pour les hommes de plus de 50 ans, les femmes ménopausées. Mais, il n’est pas possible de parler de lien de causalité entre consommation d’alcool et meilleure santé. Il se peut par exemple que les faibles consommateurs d’alcool soient au départ des personnes déjà en bonne santé ou prudentes pour leur santé donc moins souvent malades.
Dans certaines études décrivant les liens entre vin et santé, il n’est souvent pas possible de distinguer l’effet de la consommation de vin de phénomènes de vie comme un régime alimentaire protecteur ou un avantage socioculturel.


Source : Expertise collective Inserm – Alcool, effets sur la santé – coll. Inserm 2001. »
QUINTIN Ioana, CASTETBON Katia, MENNEN Louise, HERCBERG Serge, Alimentation, nutrition et cancer Vérités, hypothèses et idées fausses, Ministère de la Santé, Paris, 2003, 57 pages, page 54
Rédaction :automesure.com® Janvier 2003, actualisation mars 2006.)